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Supporters

Carton rouge pour le chant niçois !

par
Adeline ESTEVES
le
5/16/22

Le mercredi 11 mai 2022, lors du match Nice - Saint-Etienne, le football français s’est encore égaré car un chant de très mauvais goût a retenti dans l’Alianz Rivera. En effet, des supporters du club niçois ont entonné un chant injurieux à l’encontre de l’ancien footballeur nantais, Emiliano Sala, décédé dans un crash d’avion en 2019. Mais pourquoi ? Un goût d’amertume suite à leur défaite en finale de Coupe de France contre le FC Nantes.

La commission de discipline de la Ligue de football professionnel a donc été saisie pour examiner l’affaire et poser des sanctions. La ministre des sports, Roxana Maracineanu, a rappelé que les instances sportives (les clubs, la Ligue et la FFF) doivent prendre position pour éviter de nouveaux débordements des supportes. Dans une saison qui a été rythmé par les humeurs et incidents des supporters, il est grand temps que ces dernières interviennent et sanctionnent, individuellement et collectivement, pour que le football redevienne le sport que nous connaissons : deux équipes, un ballon et des supporters heureux de regarder un tel spectacle car le sport, « c’est la victoire de l’un, la défaite de l’autre. Et si on nie ces réalités, on n’a rien à faire dans les tribunes » selon Philippe Piat, co-président de l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels. Ce dernier a rappelé que les clubs ne sont pas responsables mais peuvent sanctionner plus lourdement les trouble-fêtes. Chaque interlocuteur du football doit donc trouver les sanctions adéquates car enlever des points à une équipe ou faire jouer à huis clos n’est pas une fin en soi.

Mais actuellement, quelle son les réelles sanctions ?

  • Au niveau du football, aucune sanction n’est prévue pour ce type de propos qui restent inhabituels. Néanmoins, si les chants sont signalés par l’arbitre officiel du match dans son rapport, le club niçois risque une lourde amende et un huis clos. L’OGC Nice pourrait donc se retrouver dans une situation de récidive après les incidents survenus contre l’OM en août 2021. Une sanction que ses derniers se seraient gentiment passés du fait de leur actuelle course pour le podium et une place en C1.
  • Au niveau du droit, c’est une autre histoire. En effet, qu’un groupe de supporters soit déçu de la défaite est une chose, mais l’exprimer en se moquant ouvertement d’un joueur décédé et des conditions tragiques de cette mort en est une autre.

L'article 16-1-1 du Code Civil dispose que « le respect dû au corps humain ne cesse pas avec la mort. Les restes des personnes décédées, y compris les cendres de celles dont le corps a donné lieu à crémation, doivent être traités avec respect, dignité et décence ». Le respect dû au corps humain, et donc à l’intégrité corporelle, ne cesse pas avec la mort. Néanmoins, aucune atteinte au corps ou sépulture d’Emiliano Sala n’a été faite ici donc comment protéger son intégrité ?

Avec la diffamation post mortem ! Les article 29 et 34 de la loi du 29 juillet 1881 consacrent le délit de diffamation contre la mémoire des morts, qui est l'allégation ou l'imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur et à la considération d'une personne.

L’action en responsabilité est aussi possible avec l’article 1240 du Code civil car « tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».

Concrètement, il apparaît que le respect de la mémoire des morts est complexe à défendre et semble s’effacer derrière la liberté d’expression posée à l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Les Ultras Populaire Sud se sont défendus ainsi, rappelant leur droit et l’humour. Pourtant, même si cette liberté est un droit propre à chacun, le respect l’est également.