Les Girondins de Bordeaux ont échappé à une issue fatale. Ce mardi 29 octobre 2024, le tribunal de commerce a pris la décision cruciale de permettre au club de poursuivre ses activités jusqu’au 30 janvier 2025, repoussant ainsi la menace imminente de liquidation judiciaire. Ce répit ouvre une fenêtre pour élaborer un plan de redressement, mais de nombreuses incertitudes pèsent encore sur le futur du club. Décryptage des enjeux juridiques et des implications pour cet emblème du football français.
Pour éviter la liquidation judiciaire, les entreprises en difficulté peuvent bénéficier de mesures de redressement. Conformément à l’article L631-1 du Code de commerce, cette procédure vise à réorganiser la structure financière d’une société en état de cessation de paiements, en suspendant le règlement de certaines créances afin de favoriser un retour à la stabilité. Le tribunal de commerce a donc décidé d’accorder ce sursis, permettant aux dirigeants du club de structurer un plan de continuation d’ici le 30 janvier.
La prochaine audience, fixée au 21 janvier, sera décisive : elle exigera que le club prouve sa capacité à rétablir une stabilité financière durable et à sécuriser les ressources nécessaires pour éviter la faillite. Cette échéance laisse peu de temps au club pour présenter un projet de redressement suffisamment solide aux yeux du tribunal.
Dans un contexte de redressement judiciaire, l’actionnaire principal est généralement appelé à apporter un soutien financier substantiel pour renforcer les chances de redressement de l’entreprise. Or, Gérard Lopez, le propriétaire du club, bien que déclaré « combatif » par l’avocat des Girondins, n’a pour l’heure apporté aucune preuve concrète d’une réinjection de fonds. Selon l’article L631-15 du Code de commerce, la gestion de la société doit inclure des garanties de solvabilité, et l'absence de soutien pourrait mettre en péril la crédibilité du projet de redressement présenté au tribunal.
Le club devra également démontrer que son actionnaire dispose des ressources et de la volonté nécessaires pour garantir le paiement des créanciers et l’avenir du club. À défaut, le tribunal pourrait juger le projet trop risqué, rendant la liquidation inévitable.
Le redressement judiciaire engage aussi des conséquences sociales, avec un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévu pour 82 salariés. En vertu de l’article L1233-61 du Code du travail, un tel plan doit être mis en place pour accompagner les salariés dont les postes pourraient être supprimés. Ce dispositif, qui peut inclure des formations ou des aides à la reconversion, représente un enjeu majeur pour le club, soucieux de minimiser l’impact humain de cette crise financière.
Dans ce contexte tendu, les dirigeants devront respecter scrupuleusement les obligations légales en matière de dialogue social et de protection des salariés, pour éviter de compromettre davantage la situation du club.
Pour Bordeaux, la perspective d’une remontée en Ligue 2 représente non seulement un objectif sportif, mais aussi un potentiel levier économique. En revenant dans une division supérieure, le club pourrait bénéficier de sources de revenus supplémentaires (droits TV, sponsoring), essentiels pour consolider sa structure financière. Laurent Cotret, avocat du club, a d’ailleurs affirmé que la décision du tribunal démontre une confiance dans ce projet de redressement, qui inclut un volet sportif ambitieux.
Le club devra convaincre le tribunal de sa capacité à atteindre ses objectifs sportifs, garantissant ainsi des ressources financières stables et suffisantes pour sa pérennité.
Avec ce délai de trois mois, les Girondins ont une ultime chance de prouver leur capacité à redresser la barre et à éviter la liquidation. Les efforts devront se concentrer sur le plan financier et sportif pour assurer la confiance des créanciers, des salariés, et du tribunal de commerce. Ce sursis, bien qu’encourageant, impose des engagements rigoureux et une mobilisation totale. Reste à voir si les dirigeants sauront profiter de ce répit pour sauver ce club emblématique du football français.