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La Gestion des Gestes Controversés par l'UEFA durant l'Euro 2024 

par
L. LAOUEDJ / EAJF
le
7/24/24

L'Euro 2024, une compétition attendue avec impatience par les amateurs de football du monde entier, a été le théâtre non seulement de moments sportifs mémorables, mais aussi de polémiques liées aux comportements de certains joueurs. L'UEFA, organe régulateur du football européen, a dû intervenir à plusieurs reprises pour enquêter sur des comportements jugés inappropriés, en particulier ceux de Jude Bellingham et Merih Demiral. Ces enquêtes mettent en lumière les défis auxquels l'UEFA est confrontée dans la gestion des gestes controversés sur le terrain.

Jude Bellingham : Un Geste Inapproprié

Jude Bellingham, étoile montante du football anglais et joueur du Real Madrid, a fait l'objet d'une enquête de l'UEFA pour un geste obscène lors du match Angleterre-Slovaquie. Après avoir marqué un but crucial à la dernière minute, Bellingham a célébré en pointant ses parties génitales en direction du banc slovaque, un geste qui a suscité une vague d'indignation sur les réseaux sociaux et dans les médias.

L'UEFA, dans son rôle de garant de la discipline et du fair-play, a rapidement ouvert une enquête disciplinaire. Selon les articles 11 et 15 du Code disciplinaire de l'UEFA, tout geste obscène, offensant ou insultant est passible de sanctions. En effet, l'article 11 dispose que "tout comportement insultant ou violant les principes de conduite décente" est considéré comme un motif de sanction, tandis que l'article 15 prévoit que le “comportement antisportif” et la “provocation des spectateurs” sont susceptibles d’entrainer des sanctions pouvant aller jusqu’au carton rouge.

Bien que Bellingham ait défendu son geste comme une réaction spontanée de joie adressée à ses amis dans les tribunes, celui-ci a été sanctionné par une amende de 30 000 euros et d’un match de suspension avec sursis. Cette décision a permis à l'Angleterre de compter sur lui pour le quart de finale contre la Suisse, ce qui n’ pas manquer de soulever des débats sur la sévérité et la cohérence des sanctions de l'UEFA.

Merih Demiral : Une Célébration Problématique

Le défenseur turc Merih Demiral s'est également retrouvé au centre d'une controverse après avoir célébré l'un de ses buts contre l'Autriche en effectuant le signe des « Loups gris », un groupe d'extrême droite turc. Ce geste a été perçu comme une provocation politique, déclenchant une réaction immédiate de la part des autorités et des médias.

En conséquence, l’UEFA a nommé un enquêteur spécialisé en éthique et discipline pour examiner le comportement de Demiral. Selon les règles de l'UEFA, les signes politiques sont strictement interdits sur le terrain et dans les tribunes. En réponse à cette infraction, Demiral a donc été suspendu pour deux matchs, le privant ainsi des quarts de finale contre les Pays-Bas et d'une éventuelle demi-finale. Cette suspension a été saluée par certains comme une mesure nécessaire pour maintenir la neutralité politique dans les stades, tandis que d'autres ont critiqué l'UEFA pour une application perçue comme inégale de ses règlements et sanctions.

La Vigilance de l’UEFA : Conséquence de l'Affaire Emiliano Martinez ?

La vigilance accrue de l'UEFA durant l'Euro 2024 semble s’expliquer par des précédents récents, notamment l'affaire Emiliano Martinez. Lors de la Coupe du Monde 2022, le gardien argentin avait choqué le monde du football par ses provocations envers l'équipe de France, faisant suite à la victoire des argentins en finale. Martinez avait alors réalisé un geste obscène avec le trophée de Meilleur Gardien et s'était, en outre, moqué de Kylian Mbappé, provoquant ainsi une indignation générale.

Bien que la FIFA ait ouvert une enquête, aucune sanction significative n'avait été appliquée à Martinez à l'époque. Cette situation avait notamment soulevé de vives critiques sur le laxisme des instances dirigeantes du football face aux comportements déplacés. Depuis cet incident, et au regard des récents évènements, il semble que l'UEFA et la FIFA aient pris conscience de la nécessité de réagir plus fermement et rapidement aux gestes controversés pour préserver l'esprit sportif, l’éthique du football et le fair-play.

Pour conclure, l'Euro 2024 a mis en évidence les défis persistants pour les instances du football européen dans la gestion des comportements inappropriés sur le terrain. Les enquêtes sur Jude Bellingham et Merih Demiral illustrent la volonté de l'UEFA de maintenir des normes strictes de conduite et de dissuader les provocations politiques ou obscènes. En renforçant ses mesures disciplinaires, l'UEFA envoie un message clair : le respect et le fair-play doivent prévaloir sur toute forme de provocation ou d'insulte, garantissant ainsi un environnement de compétition juste et respectueux pour tous. Toutefois, le rappel de l'affaire Emiliano Martinez souligne l'importance d'une vigilance constante et d'une application cohérente des sanctions pour éviter que de tels incidents ne ternissent l'image et l’éthique du football européen mais aussi international.