Les objectifs sont clairs : embellir son image, accueillir une Coupe du Monde et figurer parmi les dix meilleures ligues du monde. Avec ses ressources financières considérables, le Royaume est bien décidé à concurrencer l’élite européenne, et son avantage réside dans l’absence du fair-play financier qui prévaut en Europe.
Le fair-play financier, instauré en 2011 par l’UEFA sous la présidence de Michel Platini, impose un contrôle strict des finances des clubs européens. Son objectif est de garantir la viabilité économique des clubs en les empêchant de dépenser plus qu’ils ne génèrent de revenus.
En cas de non-respect des règles, des sanctions telles que des amendes ou des interdictions de recrutement peuvent être appliquées. Des clubs emblématiques tels que l’AC Milan et le PSG ont déjà subi les conséquences de ce dispositif.
Contrairement aux clubs européens, l’Arabie Saoudite n’est pas soumise aux règles du fair-play financier. Cette exemption permet au Royaume de financer rapidement le développement de ses infrastructures footballistiques. Selon Jean-Baptiste Guégan, spécialiste et professeur en géopolitique du sport et intervenant à l'EAJF, le projet saoudien se démarque par ses moyens colossaux et des objectifs ambitieux, notamment en attirant des stars mondiales pour promouvoir le football saoudien.
L’Arabie Saoudite mise sur son pouvoir financier pour attirer des stars du football mondial et en faire les ambassadeurs du Royaume. Des transferts pharaoniques, comme celui de Cristiano Ronaldo, avec un contrat avoisinant les 400 millions d’euros, témoignent de l’attractivité du championnat saoudien. En plus de ses émoluments, Ronaldo aurait également reçu une somme considérable pour soutenir la candidature saoudienne pour l’organisation de la Coupe du Monde 2030.
Cependant, ces transferts vers l’Arabie Saoudite soulèvent des interrogations. Notamment, les départs de plusieurs joueurs de Chelsea vers le Royaume posent la question des liens entre le Fonds d’investissement de la monarchie saoudienne et les propriétaires des Blues. Le rachat des quatre clubs saoudiens accueillant les joueurs de Chelsea par le Fonds d’investissement public saoudien (PIF) éveille les soupçons quant à une possible combinaison frauduleuse pour contourner le fair-play financier.
L’UEFA surveille attentivement les démarches des clubs concernés et craint que ces transferts vers l’Arabie Saoudite ne servent à contourner les règles du fair-play financier. Pour préserver l’équité entre les championnats, une réglementation et un système de régulation des finances pourraient être instaurés à l’échelle mondiale en collaboration avec la FIFA. Une mesure qui pourrait façonner l’avenir du football, mais dont l’application reste à définir.
L’Arabie Saoudite est bien partie pour devenir une force majeure du football mondial. Son projet ambitieux de développement, soutenu par d’importantes ressources financières, lui permet d’attirer les plus grandes stars du ballon rond. Toutefois, des questions subsistent quant aux transferts et à la multipropriété des clubs, suscitant l’attention et les préoccupations de l’UEFA. À l’aube d’une possible réglementation mondiale des finances dans le football, le Royaume saoudien se retrouve sous les projecteurs, en quête d’une reconnaissance à l’échelle internationale.