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Affaire Vinicius Junior : Une condamnation qui encourage la lutte contre le racisme dans le football

par
L. LAOUEDJ / EAJF
le
6/20/24

La condamnation des Supporters en Espagne : Un pas historique pour le pays

L’attaquant brésilien du Real Madrid, Vinicius Junior, a salué lundi dernier la condamnation historique de trois « supporters » de Valence à huit mois de prison pour des insultes racistes envers lui, une première en Espagne. En effet, cette décision marque un tournant dans la lutte contre le racisme dans le football espagnol, un phénomène malheureusement fréquent dans les stades depuis plusieurs décennies.

Les trois jeunes Espagnols, âgés de 18 à 21 ans, ont été condamnés dans le cadre d’une procédure pour atteinte à « l’intégrité morale » aggravée par une discrimination fondée sur le racisme. Outre la peine de prison, ces derniers ont écopé de deux ans d’interdiction de stade et devront également prendre en charge les frais de procédure. Le tribunal supérieur de justice de Valence a notamment souligné que ces cris racistes avaient provoqué chez le joueur des sentiments de « frustration, de honte et d’humiliation, avec pour conséquence une atteinte à sa dignité ».

Cet incident, survenu le 21 mai 2023 lors d’un match de Liga entre le Real Madrid et le Valence CF au stade Mestalla, a suscité une vaste indignation en Espagne et à l’étranger. La commission de discipline du football espagnol avait alors décidé de sanctionner le Valence CF en fermant partiellement son stade pour cinq matches et en lui infligeant une amende de 45 000 euros. Le carton rouge attribué à Vinicius en toute fin de match avait également été annulé.

Les mesures de la FIFA : Une lutte globale

Face à ces événements, la FIFA a réaffirmé son engagement à lutter contre le racisme dans le football. Gianni Infantino, président de la Fédération internationale de football, a d’ailleurs qualifié cette condamnation de « pas positif » et a annoncé sa volonté d’éradiquer ce fléau par des mesures concrètes. En effet, lors du 74e Congrès de la FIFA à Bangkok, le 17 mai dernier, l’instance dirigeante a proposé la mise en place de sanctions obligatoires afin de lutter contre le racisme.

Mattias Grafström, le nouveau secrétaire général de la FIFA, a notamment présenté une proposition s’articulant autour de cinq piliers : Règles et sanctions, Agir sur le terrain, Poursuite judiciaire, Sensibilisation, et le Rôle des joueurs et des joueuses. Parmi les mesures envisagées, la mise en place de sanctions spécifiques pour les actes racistes, y compris des forfaits de match, a été soulignée. La FIFA prévoit également de rendre obligatoire un geste standard mondial pour signaler les incidents racistes sur le terrain, consistant pour les joueurs à lever la main et à croiser les poignets.

Enfin, l’instance dirigeante souhaite également que le racisme soit reconnu comme un délit spécifique dans tous les pays et qu'il soit poursuivi avec la sévérité qu'il mérite. C’est pourquoi le protocole en trois étapes, adopté par la FIFA, implique que l’arbitre demande une annonce publique pour appeler à la cessation du comportement raciste, suspende le match jusqu’à ce qu’il cesse, et, dans certains cas, mette complètement fin au match si nécessaire.

Un combat de longue haleine contre le racisme dans le football

La condamnation des supporters de Valence et les nouvelles mesures proposées par la FIFA représentent des avancées significatives dans la lutte contre le racisme dans le football. L’affaire Vinicius Junior a notamment mis en lumière un problème persistant que l’Espagne et le monde du football doivent résoudre de manière plus efficace. De plus, Vinicius, en tant que figure emblématique de cette lutte, a contribué à secouer des instances jusque-là peu efficaces.

Cependant, le racisme dans le football, tout comme dans la société, nécessite une vigilance constante et des actions déterminées. En effet, l’affaire Vinicius n’est pas un cas isolé. Plusieurs rencontres de football, notamment en Europe, ont encore été perturbées ces derniers mois par des incidents racistes en tribunes, ayant parfois contraint les arbitres à interrompre les matches. Mike Maignan ou Juan Jesus, en Italie, Bukayo Saka en Angleterre, Nico Williams ou Aurélien Tchouaméni en Espagne en ont par exemple fait les frais.  

Les mesures de la FIFA, si elles sont rigoureusement appliquées, peuvent toutefois apporter des changements positifs et durables. Il appartient désormais aux fédérations, aux clubs, aux joueurs et aux supporters de se mobiliser collectivement pour éradiquer le racisme et promouvoir les valeurs d'inclusion et de respect qui doivent être au cœur du sport.

En fin de compte, ce n’est que par une action concertée et une volonté inébranlable que le football pourra véritablement refléter les valeurs d'unité et de diversité qu'il prône. Le chemin est encore long, mais chaque pas compte dans cette lutte essentielle pour l'intégrité et l'humanité du sport.